NAVIRES - Navires de guerre de surface

NAVIRES - Navires de guerre de surface
NAVIRES - Navires de guerre de surface

Le navire de guerre de surface moderne est l’aboutissement d’une longue évolution qui remonte à l’Antiquité, mais qui s’est brutalement accélérée depuis le début du XIXe siècle.

Aujourd’hui, en règle générale, c’est un navire à déplacement, c’est-à-dire faisant appel au principe d’Archimède pour sa sustentation. Il existe, certes, d’autres formules dans le domaine de la sustentation, qui ont donné naissance à ce que l’on regroupe en France sous l’appellation générale de «navires non conventionnels» (hydroptères, navires à effet de surface, etc.). Néanmoins, pour diverses raisons, elles n’ont donné lieu jusqu’à présent qu’à des applications marginales.

Le bâtiment de guerre de surface est caractérisé aujourd’hui par sa complexité, qui tient, d’une part à la variété des techniques modernes, et d’autre part à l’imbrication étroite de ces mêmes techniques au sein des systèmes interdépendants qui composent le navire. Il en résulte que la conception de ces bâtiments demande non seulement des connaissances étendues dans les domaines techniques les plus divers et les plus avancés, mais également et avant tout la capacité de combiner ces techniques au sein d’un ensemble complexe et équilibré. Très peu nombreuses sont aujourd’hui les nations capables de mener seules à bien ces études de conception.

1. Historique

L’histoire du navire de guerre est aussi ancienne que celle de la marine. En l’an 694 avant J.-C., une flotte mésopotamienne, composée de navires ronds de transport et de galères de combat munies d’un éperon sur l’avant, traverse ce que nous appelons aujourd’hui le golfe Persique, et débarque des troupes sur la rive opposée, afin de s’en emparer. Deux siècles plus tard, en 480 avant J.-C., une flotte grecque, composée de trières, défait les Perses à Salamine. Beaucoup plus tard, du IXe au XIe siècle après J.-C., les Vikings, venus du Nord sur leurs navires dont les plus connus sont les drakkars, mus à la voile et à la rame, sèment la terreur sur les côtes européennes. Opérations de simple piraterie au début, conquête de l’Angleterre par les Normands pour finir.

Pour se rendre en Terre sainte, les croisés empruntent des nefs propulsées à la voile, livrant bataille, au passage, aux flottes sarrasines.

Puis le canon fait son apparition sur mer, en 1338, pendant la guerre de Cent Ans.

En 1374, le roi Charles V nomme Étienne de Baudis maître et garde du Clos des Galées de Rouen, en lui donnant des missions qui sont encore aujourd’hui celles d’un arsenal: construire, entretenir et ravitailler la flotte de guerre.

La Renaissance marque le début de l’ère des découvertes et de la navigation hauturière, grâce à l’astrolabe, qui permet de faire le point en pleine mer. Les navires, dont le plus typique est le galion espagnol, sont puissamment armés, équipés pour les longues traversées solitaires. Ils sont rendus à la fois plus mobiles et plus maniables par la fragmentation de la voilure.

Colbert, ministre de Louis XIV, est le véritable créateur de la puissance navale du pays. Il fait appel aux spécialistes britanniques et hollandais pour former les constructeurs de vaisseaux français.

Le XVIIIe siècle voit l’éclosion d’une véritable science de la construction navale, enseignée dans des écoles spécialisées, consignée dans des traités qui font autorité. Ainsi, un enseignement didactique de l’architecture navale se substitue à la transmission orale des recettes empiriques et jalousement gardées des charpentiers constructeurs.

Le XIXe siècle marque à la fois l’apogée de la propulsion à voile et l’avènement des grandes mutations. Progressivement, la propulsion par machine à vapeur se substitue à l’usage de la voile. Cette machine met d’abord en action des roues à aubes, puis des hélices. L’usage d’une carapace protectrice en fer, ou cuirasse, se généralise. D’abord plaquée sur la coque en bois, cette cuirasse se substitue progressivement à cette dernière pour devenir elle-même une coque en fer, puis en acier.

Au début du XXe siècle, le développement d’une artillerie de plus en plus puissante entraîne aussi le développement du blindage: on assiste à une course au gigantisme sur les bâtiments de ligne. La turbine à vapeur supplante les anciennes propulsions.

La Seconde Guerre mondiale fait apparaître la supériorité des moyens sous-marins (sous-marins, torpilles) et aériens (avions, bombes). Les bâtiments de ligne se révèlent trop vulnérables et cèdent la place aux porte-avions et à leur escorte. La découverte de nouvelles technologies permet d’améliorer la fabrication et l’efficacité des navires (coques en acier soudé, moteurs Diesel, radars).

Les années 1960 voient le développement de la propulsion par turbines à gaz et, pour les très gros navires, de la propulsion nucléaire. Des progrès considérables sont réalisés dans la détection sous-marine (sonar) et les armes nouvelles autopropulsées (missiles).

Les navires de guerre d’aujourd’hui bénéficient des derniers progrès de l’électronique et de l’informatique (systèmes radar, sonar, de traitement de l’information, communication par satellites, brouilleurs, système de navigation...). Le recours à des moyens aériens tels que les hélicoptères et les robots aériens (drones) devient indispensable. Les missiles, de plus en plus précis et furtifs, sont logés dans les silos verticaux qui garantissent une meilleure protection. Leur lancement à la verticale permet de les diriger plus aisément vers la cible. La recherche de la réduction de la vulnérabilité et de l’amélioration de la discrétion (acoustique, radar, etc.) se répercute sur l’architecture des navires (formes, cloisonnement, disposition interne des matériels). Une attention de plus en plus grande est portée au confort de l’équipage (automatismes, habitabilité, logistique).

2. Conception et réalisation

Le besoin militaire d’un navire de guerre est défini à l’origine par la Marine du pays considéré, sur la base d’un budget alloué par l’État.

La conception proprement dite d’un projet nouveau est confiée à un bureau d’ingénierie spécialisé en architecture navale. Elle peut durer de un à deux ans. Elle doit proposer une solution réaliste comprenant un dossier de spécifications, des plans et une estimation du coût.

L’architecture navale est une science complexe qui nécessite la connaissance de techniques variées telles que l’hydrodynamique, le calcul de structure, la stabilité, la connaissance des systèmes d’armes et de leurs contraintes d’implantation, etc.

Aujourd’hui, les études sont facilitées par les outils de conception assistée par ordinateur (C.A.O.) et de simulation, mais des essais réels sur maquettes à l’échelle réduite sont toujours nécessaires pour vérifier certaines performances (essais de vitesse et de giration en bassin, essais d’hélices en tunnel hydrodynamique)

Le développement du projet est ensuite confié à des maîtres d’œuvre qui assurent la conception détaillée du navire (plans de construction), le développement de systèmes intégrés (système de combat, système propulsif) et l’élaboration de la logistique.

Cette phase, qui dure de un à trois ans, se poursuit par la phase de production, qui est confiée au maître d’œuvre de réalisation (chantier naval constructeur).

Compte tenu du coût unitaire relativement élevé des navires et leur nombre limité dans une série, il n’existe pas de navire prototype. Le premier navire d’une série qualifie la conception et le développement.

Le maître d’œuvre de réalisation assure les approvisionnements, la construction et les essais. Les méthodes de construction navale modernes permettent aujourd’hui de réduire les coûts et les délais (deux à trois ans environ suivant le navire). Des outils de manutention permettant de déplacer des charges de plusieurs centaines de tonnes autorisent la construction en parallèle de blocs de navires préarmés. L’assemblage des blocs est ensuite réalisé dans un bassin, une plate-forme ou une cale inclinée.

La mise à flot est assurée par la mise en eau du bassin, par un ascenseur à bateau ou par lancement à partir de la cale inclinée.

Après les travaux d’achèvement, le navire est armé par un équipage et réalise une période d’essais en mer, qui permettent de valider les performances du navire. Il est alors homologué par la Marine et admis au service actif.

La durée de vie d’un navire de guerre est de l’ordre de trente ans. La Marine l’utilise pour différentes missions, et, entre les périodes d’emploi opérationnel, le navire est placé en entretien (carénage). Le soutien logistique, mis en place lors des phases précédentes, conditionne pour une large part la disponibilité opérationnelle du navire.

À mi-vie (quinze ans), le navire peut faire l’objet d’une modernisation, en particulier celle du système de combat. En effet, l’obsolescence de celui-ci est rapide compte tenu des évolutions techniques incessantes.

3. Différents types

On peut distinguer les différents types de navires de guerre suivants:

– les porte-avions, dont l’armement est essentiellement constitué d’avions;

– les bâtiments d’assaut, permettant un débarquement de forces par hélicoptères et moyens amphibies;

– les frégates, destinées à assurer une mission particulière (protection anti-aérienne, anti-sous-marine;

– les patrouilleurs, dont les missions sont côtières;

– les bâtiments antimines;

– les bâtiments de soutien (pétroliers ravitailleurs, de soutien logistique, etc.).

En ce qui concerne les frégates, la classification anglo-saxonne différencie ces navires en fonction de leur tonnage:

– les cruisers avec un déplacement supérieur à 8 000 tonnes.

– les destroyers avec un déplacement compris entre 8 000 et 4 000 tonnes.

– les frigates avec un déplacement compris entre 4 000 et 1 000 tonnes.

Il est intéressant de décrire plus en détail trois types de navires: les porte-avions, les frégates et les patrouilleurs.

Le porte-avions

La convention de Londres définit le porte-avions comme un «bâtiment de surface destiné essentiellement à porter des avions et construit de telle façon que ces avions puissent s’envoler de son bord et s’y reposer».

Aujourd’hui, on distingue les porte-aéronefs disposant d’hélicoptères et d’avions à décollage court, et les porte-avions qui utilisent des avions classiques.

Un porte-avions est caractérisé par son pont d’envol. Celui-ci est divisé en trois zones: la piste de décollage, la piste d’appontage et le parking. Les avions modernes nécessitent l’utilisation de catapultes pour décoller et de brins d’arrêt pour apponter sur des pistes aux dimensions limitées. La piste d’appontage (inclinée sur bâbord) et la piste de décollage (dans l’axe du navire) sont écartées pour permettre le décollage et l’appontage des avions en continu sans risque de collisions. Les superstructures sont ramassées au maximum sur tribord et forment l’îlot.

En dehors du parking, situé devant l’îlot, les avions sont rangés dans le hangar sous le pont d’envol, grâce à des ascenseurs.

Trois types d’avions équipent les porte-avions modernes:

– les avions de guet aérien assurant la surveillance de la zone,

– les avions de supériorité aérienne protégeant le porte-avions,

– les avions d’assaut.

La mise en œuvre de l’aviation demande une plate-forme très stable.

Les frégates

Les frégates sont des navires de combat de haute mer. Leur vitesse maximale est de 25 à 30 nœuds. La propulsion est assurée par des moteurs Diesel, souvent associés à des turbines à gaz pour les vitesses supérieures. Ces navires sont souvent équipés d’un hélicoptère.

Suivant les missions qui leur sont confiées, ces bâtiments sont munis d’armements anti-aériens, anti-navires et anti-sous-marins.

L’établissement de la situation tactique se fait à partir de senseurs (moyens d’écoute et de visualisation):

– radars de veille air et surface et systèmes de veille infrarouge;

– sonars de coque ou remorqués, sonar trempé par hélicoptère.

L’armement anti-aérien est constitué de missiles et d’artillerie associés à des télépointeurs.

L’armement anti-navire est constitué de missiles mer-mer, de l’artillerie, ou de missiles, lancés à partir d’hélicoptère.

L’armement anti-sous-marin est constitué de torpilles lancées à partir du navire ou d’un hélicoptère.

Des systèmes d’autodéfense et de contre-mesure, comportant des leurres actifs, d’autant plus efficaces que les signatures radars du navire sont faibles, permettent de déjouer les attaques adverses.

Le système de traitement de l’information permet au commandant d’avoir une parfaite connaissance de la situation tactique et facilite les prises de décisions.

Les patrouilleurs

Les patrouilleurs sont des navires d’un déplacement inférieur à 1 500 tonnes. Ils constituent l’arme principale de nombreuses marines.

Ils sont réservés à la surveillance et à la protection d’une zone maritime côtière. Ces navires peuvent être très armés (missile mer-mer, missiles anti-aériens, artillerie, autodéfense).

Certains patrouilleurs sont capables d’atteindre une vitesse très élevée (supérieure à 30 nœuds), mais leur autonomie est faible (2 à 3 jours) et leur capacité militaire se trouve réduite en cas de mauvais temps.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Navires de guerre — Navire de guerre USS Iowa (BB 61) lors d un exercice de tir près de Vieques Island, Porto Rico, le 1er juillet 1984 …   Wikipédia en Français

  • surface — [ syrfas ] n. f. • 1611; superface 1521; lat. superficies → superficie; de sur et face 1 ♦ Partie extérieure (d un corps), qui le limite en tous sens. ⇒ face. La surface de la Terre, la surface terrestre. À la surface du sol. « une surface pure… …   Encyclopédie Universelle

  • Guerre Imjin — La flotte japonaise à l assaut de Pusan en 1592. Informations générales Date 1592 1598 Lieu péninsule coréenne Issue défaite japonais …   Wikipédia en Français

  • Guerre Des Mines — En combat naval, la guerre des mines désigne toutes les opérations et tactiques relatives aux mines sous marines : le mouillage de mines, la lutte contre les mines (dragage et chasse aux mines), et les contremesures préventives.… …   Wikipédia en Français

  • Guerre En Irak — Guerre d Irak Guerre d Irak Dans le sens des aiguilles d une montre en commençant en haut à gauche : Une patrouille à Samarra; Le renversement de la statue de Saddam Hussein au square Firdos; Un soldat irakien pendant un assaut; un engin… …   Wikipédia en Français

  • Guerre USA-Irak — Guerre d Irak Guerre d Irak Dans le sens des aiguilles d une montre en commençant en haut à gauche : Une patrouille à Samarra; Le renversement de la statue de Saddam Hussein au square Firdos; Un soldat irakien pendant un assaut; un engin… …   Wikipédia en Français

  • Guerre contre l'Irak — Guerre d Irak Guerre d Irak Dans le sens des aiguilles d une montre en commençant en haut à gauche : Une patrouille à Samarra; Le renversement de la statue de Saddam Hussein au square Firdos; Un soldat irakien pendant un assaut; un engin… …   Wikipédia en Français

  • Guerre d'Irak (2003) — Guerre d Irak Guerre d Irak Dans le sens des aiguilles d une montre en commençant en haut à gauche : Une patrouille à Samarra; Le renversement de la statue de Saddam Hussein au square Firdos; Un soldat irakien pendant un assaut; un engin… …   Wikipédia en Français

  • Guerre d'Iraq — Guerre d Irak Guerre d Irak Dans le sens des aiguilles d une montre en commençant en haut à gauche : Une patrouille à Samarra; Le renversement de la statue de Saddam Hussein au square Firdos; Un soldat irakien pendant un assaut; un engin… …   Wikipédia en Français

  • Guerre de l'Irak — Guerre d Irak Guerre d Irak Dans le sens des aiguilles d une montre en commençant en haut à gauche : Une patrouille à Samarra; Le renversement de la statue de Saddam Hussein au square Firdos; Un soldat irakien pendant un assaut; un engin… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”